| Un genre littéraire longtemps à la marge |
LA NOUVELLE, LE RETOUR ?
"Le retour de la nouvelle ?" était l’intitulé de la conférence animée jeudi à la salle du SILA (pavillon central) par une pléiade d’intervenants, des nouvellistes qui, l’instant d’une rencontre, ont, tour à tour, évoqué leur expérience concernant l’écriture et leur rapport à la nouvelle, ce genre littéraire qui peine à s’imposer dans le paysage éditorial algérien.
L’écrivain algérien Noureddine Saadi a indiqué que la nouvelle s’avère « un morceau de mémoire ».Il a expliqué que la nouvelle est une expression littéraire ancienne, ayant pour origine les fables diffusées dans les marchés. « Au XVIème siècle elle était devenue un genre littéraire proprement dit. Elle apparait comme quelque chose de concentré et un message qu’on va délivrer », a-t-il dit.
Selon Noureddine Saadi, la nouvelle en Algérie était, dans les années 1970, foisonnante, présente dans le paysage éditorial. «Il existait même une revue, « Promesse », qui a largement contribué à faire éclore et connaitre de jeunes auteurs, à l’instar de Rachid Mimouni ou Tahar Djaout. Ces écrivains, avant de devenir de grands romanciers, avaient écrit des nouvelles. La nouvelle était un exercice obligé pour chaque écrivain désirant devenir romancier», a-t-il souligné. Bachir Khalef, romancier et nouvelliste, s’est, pour sa part, interrogé : « la nouvelle est-elle revenue ? Si elle a disparu, de quelle manière devons-nous réfléchir pour la faire revenir ? La nouvelle serait-il un genre littéraire en crise ? La nouvelle n’a pas disparu. Il y a encore des auteurs qui continuent d’investir ce champ littéraire ».
« Mettre un mot sur un sentiment »
Leila Hamoutene, romancière et nouvelliste, a, de son côté, expliqué que la nouvelle permet « de mettre un mot sur un sentiment, sur une valeur » . « Dans la nouvelle, on n’a pas besoin d’analyser une situation, un sentiment, contrairement au roman où on doit approfondir le thème et le diversifier. La nouvelle focalise sur un point de vue», a-t-elle noté. Mohammed Djafaar, romancier, a estimé que la nouvelle a connu ces dernières années une forte évoluation en Algérie. « Le retour de la nouvelle reste- t-il un sujet polémique? Sa place est-elle négligée en Algérie ? Toutes les nouvelles méritent elles d’être lues ? », s'est-il interrogé. Selon lui, il existe plusieurs catégories de nouvelles. « La première est la nouvelle et l’histoire. Nous ne pouvons pas parler de nouvelle sans connaitre sa véritable histoire . Il y a aussi la nouvelle et le sujet. D’où la nouvelle récolte-t-elle ses sujets? Est elle le reflet de la réalité ?», s'est encore demandé. La jeune romancière Amina Cheikh a pour sa part contredit les propos des autres intervenants. « Je ne suis d’accord avec mes collègues car dans le catalogue de chaque maison d’édition vous pouvez trouver au moins un ensemble de nouvelles», a-t-elle déclaré. « Nous ne pouvons pas dire que tout ce qui s’écrit est une nouvelle. Aujourd'hui, certains écrivains publient leurs travaux sur les réseaux sociaux, ce qui n’est pas professionnelle. Il y a même des critiques sur facebook ! », a-t-elle protesté. Selon elle, la nouvelle est de retour. « Mais, il reste toujours le problème de la critique. La presse culturelle ne donne pas assez d’importance a ce sujet, même les universités spécialisées dans se domaine tombent dans la marginalisation », a-t-elle regretté.
Maya.D et Yacine Idjer
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