Lors de la 20e édition, il y a deux ans, qui s’était traduite par un succès considérable, nous avions établi une évaluation globale du Salon International du Livre d’Alger. Elle faisait ressortir la formidable évolution de la manifestation au fil des ans. Après des débuts modestes, le SILA a su gagner en importance et prendre une consistance et une ampleur remarquables. Les données sont là : fréquentation massive (un million et demi de visiteurs ces dernières années), participation considérable (plus de 900 exposants en moyenne), représentation internationale très honorable (une cinquantaine de pays issus de quatre continents). Il est établi que le SILA est devenu le premier salon du genre dans le monde arabe, en Afrique et en Méditerranée. Mais à chaque fois que nous affirmons cela, nous prenons soin de préciser que ce classement renvoie avant tout à la fréquentation du public et à la participation des exposants. Cela signifie que nous nous positionnons principalement sur des performances quantitatives, ce qui est positif mais insuffisant.

Les améliorations qualitatives n’ont pas manqué cependant. L’organisation a franchi plusieurs étapes appréciables. L’orientation du public qui était un maillon faible a bénéficié d’une bonne avancée avec une signalisation convenable des pavillons et des stands. Un pavillon a été spécialisé au bénéfice du lectorat enfantin, ce qui a particulièrement été apprécié des familles visiteuses. La communication et l’accompagnement des médias ont aussi connu une bonne évolution… On peut noter aussi que les programmes d’animation culturelle se sont enrichis, autant par les thèmes choisis que par la qualité des intervenants, au point même où certains visiteurs nous ont reproché d’en donner trop et d’avoir l’embarras du choix ! De même, l’institution d’une journée consacrée au Livre et à l’Ecole est venue répondre au besoin essentiel de préparer le lectorat de demain, objectif auquel le SILA souhaite contribuer activement et qui s’inscrit depuis 2015 dans le protocole d’accord global signé entre le Ministère de la Culture et celui de l’Education nationale.

Mais, comme nous le signalions au lendemain de la 20e édition, s’il nous faut maintenir et développer l’aspect quantitatif, nous devons désormais assurer plus de qualité à l’organisation afin d’inscrire le SILA, non pas seulement parmi les salons les plus fréquentés au monde, mais parmi les mieux organisés. Cette volonté s’est trouvée en partie contrariée par la crise économique qui a entraîné une diminution inévitable des budgets publics dont celui de la manifestation. Parallèlement, les sponsors potentiels sont devenus plus prudents et leurs contributions rares ou limitées. Enfin, le cadre même du Salon International du Livre d’Alger, à savoir le Palais des Expositions, présente des limites objectives en termes d’espaces d’exposition et de commodités diverses : accès routier, parkings, services divers…

Ces contraintes diverses ont réduit non pas les ambitions exprimées à l’issue de la 20e édition mais leur rythme de réalisation. Et, loin de nous décourager, elles ont constitué un facteur de motivation supplémentaire.

Ainsi, en dépit des difficultés financières, le SILA a tenu à maintenir la gratuité des entrées qui contribue à l’accessibilité des citoyens et citoyennes à la lecture et à la culture. C’est un choix difficile mais pleinement assumé. Et, cette année, le comité d’organisation a même ajouté une journée à la durée du SILA qui sera ainsi de onze jours. Ce prolongement vient répondre au vœu de nombreux éditeurs mais aussi des visiteurs qui viennent de tout le territoire national et parcourent parfois de longues distances pour ne pas rater l’événement et faire provision de livres dans tous les genres éditoriaux.

Chaque année, nous ne manquons pas d’exprimer notre reconnaissance à ce public qui est le socle et la raison d’être du Salon International du Livre d’Alger. C’est lui qui fait de ce rendez-vous annuel un moment fort dans la vie du pays et un rassemblement formidable de la société algérienne, dans la diversité de ses générations, de ses lieux de résidence et de ses catégories socioprofessionnelles avec une présence remarquable des femmes en tant que lectrices mais aussi écrivaines ou encore mères de famille venant acquérir des livres pour leurs enfants. La soif de lire, aussi bien pour le savoir que pour le plaisir, vient répondre au désir de se rencontrer dans un cadre serein voué aux belles choses de l’esprit, à la convivialité des rapports et à une ambiance de fête. Lors des dernières éditions, nous avions calculé qu’un Algérien sur trente-sept avait visité le SILA. Cette performance qui étonne toujours nos hôtes étrangers vient démentir chaque année l’idée selon laquelle on ne lit plus en Algérie en se basant uniquement sur les faiblesses réelles du réseau de distribution du livre dans le pays et, notamment, le manque de librairies.

C’est pour ces lecteurs et lectrices avant tout que nous nous efforçons d’apporter au SILA une amélioration constante en vue de le hisser vers les meilleures normes existantes. Cet objectif prendra peut-être plus de temps, compte tenu de la taille du salon et des possibilités actuelles, et en relation avec l’évolution attendue de l’ensemble du secteur du livre et de l’édition. Grand salon populaire, le SILA doit devenir plus professionnel et constituer aussi un véritable lieu de réflexion, d’échange et même de transaction entre les acteurs de la chaîne du livre, nationaux et étrangers. Il doit s’ouvrir aussi aux évolutions de l’édition dans le monde, notamment pour ce qui concerne le livre numérique qui a déjà fait son apparition au SILA mais mérite d’être développé. Cette préoccupation est prise en charge par le Ministère de la Culture qui prépare la publication, dès l’année prochaine, du décret exécutif relatif aux formes électroniques du livre et de la lecture.

Cette année, la participation des exposants confirme encore l’attractivité du SILA dans les milieux professionnels. Avec 952 stands, le niveau de participation au salon se maintient de manière stable. Dans ce cadre, l’augmentation du nombre d’exposants algériens à cette 22e édition constitue un élément encourageant puisqu’ils vont occuper plus de la moitié des surfaces d’exposition (59 %). Cette croissance remarquable en une période économiquement difficile est un signe d’espoir et elle s’est opérée sans que la participation internationale perde de l’importance et de la diversité. Avec une cinquantaine de pays représentés au SILA, la manifestation justifie largement son label international et offre aux visiteurs une fenêtre immense sur l’édition mondiale dans tous ses genres. Les exposants venus de quatre continents constituent des passerelles précieuses à la réalisation du principe d’ouverture culturelle que l’Algérie s’attache à renforcer sous la direction du Président de la République, Monsieur Abdelaziz Bouteflika, lui-même grand lecteur et homme de culture.

Nous accueillons cette année l’Afrique du Sud, pays avec lequel nous partageons une longue amitié forgée dans les combats du continent. Les Algériens et Algériennes pourront découvrir la littérature et l’édition de son pays. Cette présence de l’Afrique du Sud en tant que pays invité d’honneur de l’édition vient renforcer l’espace Esprit Panaf du SILA, institué en 2009 à la faveur du 2e Festival culturel panafricain d’Alger. L’ensemble du programme culturel a été conçu pour répondre aux centres d’intérêt de divers types de lectorat. On notera que les Estrades, qui mettent en valeur des écrivains émergents ou confirmés, accordent cette année une place importante aux écritures littéraires contemporaines du monde arabe. De même, une attention particulière a été apportée à des auteurs de talent de l’ensemble du territoire national et, notamment, ceux qui vivent et écrivent loin de la capitale et ne disposent souvent d’aucun moyen de promotion. A cela, diverses rencontres aux sujets littéraires ou autres passionnants viendront enrichir la programmation, dont le panel sur le thème «Islam et Occident ; regards croisés».

Enfin, comment ne pas remercier ici les sponsors de cette édition qui, en dépit des difficultés actuelles, ont tenu à soutenir le SILA ? C’est aussi à tous les acteurs du Salon que nous devons rendre hommage : éditeurs, auteurs, animateurs du programme culturel et hommes et femmes des médias qui donnent vie à la manifestation et assurent son écho en Algérie et dans le monde. Cette reconnaissance concerne aussi l’action essentielle des Douanes nationales et de la Direction générale de la sûreté nationale dans le bon déroulement du salon. Face à la crise que nous vivons avec une bonne partie du monde, le SILA a tenu aussi, dans la symbolique de cette édition et son slogan «Le livre, un trésor inépuisable», à souligner que le livre constitue une base indispensable du développement économique et de l’épanouissement humain.

A toutes et à tous, bienvenue à cette 22e édition !